Pourquoi observe-t-on une hausse des arrêts de travail ?
Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation continue de l'absentéisme.
- Les affections psychologiques sont de plus en plus fréquentes et représentent une part importante des arrêts de longue durée. La charge mentale, le stress au travail et les conditions de travail dégradées contribuent à cette tendance.
- Le retour au travail après un arrêt prolongé s'avère particulièrement complexe, surtout en cas d'arrêt lié à une affection psychologique. Sans accompagnement adapté pour retrouver son activé professionnelle, les risques de rechute sont élevés.
- Le vieillissement de la population active et son incidence sur l'état de santé jouent également un rôle dans cette évolution.
- Enfin, les attentes des salariés vis-à-vis du travail ont changé, avec une recherche d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
L'ancienne ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a confirmé devant la commission des affaires sociales du Sénat que la hausse se poursuivait : +6,7 % sur les quatre premiers mois de l'année 2025 par rapport à 2024.
L'impact financier pour les assureurs et les mutuelles
Cette dérive de l'absentéisme pèse lourdement sur les comptes des organismes de prévoyance. La charge des prestations "arrêt de travail" des institutions de prévoyance a augmenté de 5,6 % depuis 2019 pour atteindre près de 4 milliards d'euros (3,96 milliards d'euros précisément) en 2024, selon le Centre technique des institutions de prévoyance (CTip).
Les arrêts de longue durée sont ceux qui coûtent le plus cher aux organismes de prévoyance. En effet, les assureurs prennent en charge l'absentéisme généralement après 60 jours d'arrêt de travail, période à partir de laquelle le maintien de salaire n'est plus totalement assuré par l'employeur et la sécurité sociale.
Face à cette situation, plusieurs assureurs ont pris des mesures pour limiter la dérive de la charge. Dans le respect des accords de branche, certains ont renégocié avec leurs clients l'allongement de la franchise des contrats prévoyance de 30 à 60 jours, voire de 60 à 90 jours.
La baisse du plafond des indemnités journalières versées par la sécurité sociale, entrée en vigueur le 1er avril 2025, devrait aggraver la situation avec un impact estimé à 300 millions d'euros supplémentaires en année pleine sur les prestations versées par les institutions de prévoyance.
Indemnisation en cas d'arrêt maladie : ce qu'il faut savoir
Quelle est la durée maximale d'un arrêt maladie en France ?
La durée maximale d'indemnisation par la sécurité sociale en cas d'arrêt maladie est de 3 ans, soit 1095 jours, sur une période de 3 ans consécutifs. Cette durée peut être prolongée dans certains cas, notamment pour les personnes atteintes d'une affection de longue durée (ALD).
Toutefois, le gouvernement envisage de modifier ces règles. Parmi les pistes étudiées figure la limitation à 15 jours de la durée des arrêts prescrits en ville et jusqu'à un mois en cas d'hospitalisation. Ces propositions pourraient limiter l'intervention des régimes de prévoyance, mais il reste difficile d'en mesurer précisément l'impact.
Quel est le délai de carence en cas d'arrêt maladie ?
Actuellement, l'Assurance maladie applique un délai de carence de 3 jours lors d'un arrêt de travail. Cela signifie que les trois premiers jours d'arrêt ne sont pas indemnisés par la sécurité sociale.
Le gouvernement a proposé d'allonger ce délai de carence de 3 à 8 jours. Cette mesure impacterait principalement les entreprises en termes de versement de prestations supplémentaires. La plupart des régimes de prévoyance intervenant après une franchise située entre 30 et 90 jours, ils ne seraient pas directement impactés par cette évolution.
Est-on payé à 100 % en arrêt maladie ?
Un salarié en arrêt maladie n'est généralement pas payé à 100 % de son salaire habituel. Après le délai de carence, la sécurité sociale verse des indemnités journalières (IJSS) qui couvrent 50 % du salaire journalier de base du salarié.
L'employeur complète ces prestations si le salarié a plus d'un an d'ancienneté. Cette obligation de maintien de salaire est néanmoins limitée dans le temps, globalement entre 60 et 180 jours selon les conventions collectives.
Le montant total perçu par le salarié dépend donc de plusieurs facteurs :
- les indemnités de l'Assurance maladie,
- le maintien de salaire par l'employeur
- et éventuellement les garanties de son contrat de prévoyance.
Le rôle de la mutuelle et de l'assurance prévoyance
C'est à l'issue de la période de maintien de salaire par l'employeur qu'intervient l'organisme assureur. La garantie incapacité de travail inscrite dans un contrat de prévoyance vient alors généralement se substituer, en tout ou partie, aux versements de l'employeur.
Les garanties proposées varient selon les contrats. Certains contrats prévoient un maintien de salaire proche de 100 %, tandis que d'autres offrent une couverture plus limitée.
Pensez à vérifier les conditions de son contrat de prévoyance, notamment concernant le délai de franchise, le montant des prestations versées et la durée maximale d'indemnisation.
Pour les arrêts longs, une bonne couverture prévoyance s'avère particulièrement importante. Elle permet de maintenir un niveau de vie décent pendant la période d'incapacité de travail et d'éviter une situation financière difficile.
Les mesures envisagées face à l'augmentation continue des arrêts de travail
Face à cette forte hausse des arrêts maladie, plusieurs mesures sont en cours de réflexion ou de mise en œuvre.
Les assureurs développent des outils de diagnostic et d'aide au retour au travail. Ces dispositifs d'accompagnement semblent porter leurs fruits : selon une enquête de Malakoff Humanis, 72 % des salariés ayant bénéficié d'un outil d'accompagnement entre 2017 et 2024 auraient repris définitivement sous un an, contre seulement 62 % sans accompagnement.
Plus la durée d'un arrêt de travail est longue, plus le retour au travail est complexe et plus un salarié doit être accompagné pour éviter une rechute. Les entreprises sont également encouragées à agir sur la prévention et la qualité de vie au travail pour limiter l'absentéisme en amont.
Les mesures envisagées par des propositions de loi sur les arrêts maladie
Plusieurs propositions sont actuellement à l'étude. Parmi les pistes évoquées par le gouvernement figurent l'allongement du délai de carence de 3 à 8 jours et la limitation de la durée des arrêts prescrits en ville à 15 jours, voire un mois en cas d'hospitalisation.
Ces mesures envisagées visent à réduire le coût global de l'absentéisme pour la sécurité sociale. L'impact sur les salariés et les régimes de prévoyance reste difficile à mesurer à ce stade.
Dans l'attente d'une éventuelle transcription de ces propositions dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), les assureurs et les entreprises continuent de développer leurs propres solutions pour accompagner le retour au travail.

Le taux d'absentéisme au travail a atteint un niveau sans précédent en 2024. Selon le baromètre annuel publié par Mercer en juillet dernier, 5,8 % des salariés du privé ont été absents sur l'année. Il s'agit d'un record depuis la création de cette étude.