Les liens entre les laboratoires pharmaceutiques et les médecins hospitaliers

Médecins hospitaliers et laboratoires : quels liens d’intérêt ?La revue Alternatives Economiques a publié en janvier 2018 une enquête mettant en avant les nombreux liens entre les laboratoires pharmaceutiques et les médecins hospitaliers.

Les chiffres sont impressionnants : 77,5% des médecins exerçant à l’hôpital entretiendraient des liens d’intérêts avec les laboratoires.

Cette omniprésence des groupes pharmaceutiques est favorisée par l’opacité du financement de la recherche.

Il ne s’agit pas de remettre en cause les interactions indispensables que les praticiens hospitaliers doivent avoir avec les laboratoires pharmaceutiques mais de prévenir des conflits d’intérêts qui pourraient être préjudiciables pour les patients.

L’importance du marché hospitalier pour les laboratoires pharmaceutiques

Parmi les frais liés à une hospitalisation, on trouve notamment les honoraires des professionnels de santé, le prix de la chambre, les médicaments prescrits, etc. Tous ces éléments sont inclus dans le remboursement par l’Assurance Maladie d’une hospitalisation en fonction d’un tarif conventionnel de base. Les mutuelles complètent cette prise en charge.

Bien que le nombre de médicaments prescrits à l’hôpital soit inférieur à celui des médicaments achetés en pharmacie en automédication ou suite à une consultation chez un médecin de ville, le marché hospitalier représente tout de même un enjeu majeur pour l’activité des laboratoires pharmaceutiques

  • la part du secteur hospitalier dans le marché du médicament : en 2016, elle représentait 7,4 milliards d’euros sur un total de 27,6 milliards d’euros ;
  • l’incidence des prescriptions hospitalières : de nombreux médecins de ville renouvellent les ordonnances des médecins hospitaliers en conservant les mêmes références de médicament. Ainsi, un comprimé prescrit à l’hôpital a plus de chance d’être prescrit par les médecins généralistes et spécialistes qui exercent en libéral ;
  • le rôle des équipes médicales dans l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament : des études cliniques doivent être réalisées au sein d’un CHU.

La mise en place d’associations de services

Les liens entre les médecins hospitaliers et les laboratoires pharmaceutiques sont complexes.

Il ne faut pas perdre de vue que la majorité de la formation continue médicale est financée par ces groupes pharmaceutiques qui prennent le relai de l’Etat défaillant à ce niveau.

Ce sont donc eux qui vont organiser des colloques et des séminaires auxquels ils vont convier les médecins. Bien que la qualité et la pertinence de ces formations ne soient pas remise en cause, on peut regretter qu’elles servent de cadre à la promotion des médicaments du groupe.

L’information transmise sur ces derniers au cours de ces colloques insistera plus sur leurs bienfaits que sur les éventuels effets secondaires.

Les laboratoires pharmaceutiques ont besoin de l’hôpital pour la réalisation des essais cliniques qui aboutiront ou non à une autorisation de mise sur le marché. Ils doivent donc trouver des équipes médicales prêtes à effectuer ces tests. Le financement de cette recherche se fait de façon plus ou moins opaque.

Depuis 2014, les sommes d’argent doivent être versées à l’établissement hospitalier sur un fonds spécifique. Le but de cette mesure est d’éviter le versement direct d’une contribution supplémentaire aux médecins par les laboratoires.

Une association de service permettait de recevoir ces fonds sans que le laboratoire paie directement le professionnel de santé. Mais le nombre de ces associations n’a pratiquement pas diminué depuis 2014.

La réaction des autorités

L’AP-HP (Assistante Publique – Hôpitaux de Paris) est un des premiers établissements à mettre en place une politique de répression à l’encontre des médecins présentant des liens trop importants avec des laboratoires pharmaceutiques. En plus, de la création d’une fondation destinée à recevoir le financement des recherches, un système de cartons rouges a été mis en place. Mais celui-ci ne semble pas fonctionner pleinement.

Seuls 6 cartons rouges sont distribués par an alors que l’enquête de la revue Alternatives Economiques révèlent que 73% des médecins de l’AP-HP entretiennent des liens d’intérêts avec les groupes pharmaceutiques.

Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, propose la création d’un fonds spécial pour les pouvoirs publics qui serait alimenté par un prélèvement sur le chiffre d’affaires des laboratoires. L’argent récoltée serait ensuite partagée équitablement entre les différents centres hospitaliers.

Quant à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, elle supervise un travail de recensement des associations de services et encourage les hôpitaux à créer des fondations pour recevoir le financement des laboratoires.

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