Plus de 20 millions de personnes seraient atteintes d’une maladie chronique actuellement en France.
Une partie d’entre elles bénéficieraient d’une prise en charge à 100% dans le cadre d’une ALD (affection longue durée).
Ces chiffres proviennent d’une récente interview du Pr André Grimaldi, ex-chef de service de diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage "les Maladies Chroniques" qu’il a coordonné.
Pour lui, le constat est sans appel : la prise en charge des maladies chroniques telle qu’elle a lieu actuellement n’est pas adaptée.
Les maladies chroniques ont toujours existé. Mais leur nombre ainsi que le nombre de patients atteints sont en constante augmentation.
On estime qu’un tiers de la population française souffre d’une maladie chronique.
Toutes les tranches d’âge sont concernées même si les seniors sont les plus concernés.
L’augmentation des maladies chroniques ne doit pas être considérée comme un échec de la médecine. Au contraire, un grand nombre de pathologies autrefois mortelles sont actuellement soignées à l’aide de nouveaux traitements. On n’en guérit toujours pas mais on vit avec. C’est le cas du Sida, du diabète, de certains cancers par exemple.
L’augmentation de l’espérance de vie explique également la hausse actuelle des maladies chroniques, plus fréquentes avec l’âge.
Les remboursements liés aux ALD représentent une part importante du budget de l’assurance maladie : 64% des dépenses annuelles en 2007 et 90% de leur croissance annuelle.
Le suivi des patients atteints de maladies chroniques mobilise beaucoup de temps et d’argent : renouvellement des ordonnances, examens de contrôle, etc.
74 médecins, patients et experts ont collaboré à l’ouvrage du Pr Grimaldi qui plaide pour l’émergence d’une nouvelle médecine plus adaptée aux maladies chroniques.
Le Pr Grimaldi explique qu’actuellement, il existe 2 médecines et qu’aucune n’est réellement adaptée à la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques : d’un côté, une médecine qui se pratique au cabinet du médecin et qui vise à traiter les pathologies aigues et bénignes avec des gestes simples ; d’un autre côté, une médecine qui se pratique à l’hôpital et qui vise à traiter des maladies graves avec des gestes techniques.
Les maladies chroniques ne peuvent être traitées par aucune de ces deux types de médecine.
Pour vivre avec une maladie chronique, le respect du traitement par le patient est primordial. Dans ce type de pathologies, le patient occupe une place centrale dans la réussite ou non de la prise en charge. Des études ont démontré que l’observance (prendre son traitement et suivre les prescriptions) est en lien direct avec la relation qu’a créé le médecin avec le patient.
Partant de ce postulat, le Pr Grimaldi veut aller encore plus loin et mettre en place une médecine plus globale qui prendrait en charge aussi bien l’aspect médical que social et psychologique des maladies chroniques.
Il préconise une prise en charge plus générale qui impliquerait le médecin mais aussi le pharmacien, l’infirmier, les travailleurs sociaux et le personnel administratif. Elle ne se ferait plus forcément au sein du cabinet du médecin traitant lors d’un renouvellement d’ordonnances, mais dans le cadre de maison de santé.
Il s’agirait d’une médecine intégrée qui placerait le patient au centre du dispositif et allègerait les démarches et les formalités.
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