La prise en charge des médecines douces : un débat qui divise

Les médecines douces sous le feu des critiques : polémique et enjeuxLes médecines douces n'ont jamais été autant au cœur des débats. Alors que ces pratiques non conventionnelles séduisent de plus en plus de Français, elles font l'objet de critiques croissantes de la part des pouvoirs publics.

Entre défenseurs et détracteurs, le secteur de l'assurance santé se retrouve pris dans une polémique qui soulève des questions essentielles sur l'efficacité, la sécurité et le financement de ces thérapies alternatives.

Cette controverse a récemment éclaté au grand jour lors d'un échange particulièrement vif à l'Assemblée nationale, opposant la présidente de France Assureurs à une députée médecin. Un débat révélateur des tensions qui entourent la prise en charge de ces pratiques par les complémentaires santé.

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Ce qu'il faut retenir
  • 1 milliard d'euros de prestations médecines douces en 2022
  • Multiplication par 5 des remboursements en 8 ans
  • 37% des signalements Miviludes concernent la santé
  • L'ostéopathie représente la majorité des prises en charge

Un marché en pleine expansion malgré les controverses

Les chiffres sont éloquents : les remboursements liés aux médecines douces ont été multipliés par cinq entre 2014 et 2022, atteignant près d'un milliard d'euros selon le rapport sénatorial de Xavier Iacovelli. Cette explosion des dépenses témoigne d'un engouement croissant des Français pour ces pratiques non conventionnelles.

L'ostéopathie arrive largement en tête de ces remboursements, représentant la majorité des prestations prises en charge. Cette croissance s'explique par plusieurs facteurs : la crise sanitaire du Covid-19 a renforcé la méfiance envers la médecine conventionnelle tandis que la pénurie de médecins pousse les patients à se tourner vers d'autres solutions.

Leur croissance rapide inquiète les pouvoirs publics dans un contexte d'inflation des tarifs des complémentaires santé.

Qu'est-ce que la naturopathie et les pratiques non conventionnelles ?

Les PSNC (Pratiques de Soins Non Conventionnelles) regroupent l'ensemble des thérapies qui ne sont pas reconnues par la médecine conventionnelle et donc pas remboursées par l'Assurance maladie. Parmi elles, on retrouve l'ostéopathie, la chiropractie, la mésothérapie ou encore la naturopathie.

Un naturopathe est un praticien qui utilise des méthodes naturelles pour accompagner les patients dans leur bien-être : phytothérapie, aromathérapie, conseils nutritionnels ou encore techniques de relaxation. Contrairement aux médecins, les naturopathes ne posent pas de diagnostic médical et ne prescrivent pas de médicaments.

Ces pratiques s'inscrivent dans une approche globale de la santé privilégiant la prévention et les méthodes douces. Cependant, leur efficacité reste débattue au sein de la communauté médicale, car elles ne font pas l'objet d'études cliniques aussi rigoureuses que les traitements conventionnels.

Quelles sont les médecines douces remboursées par les mutuelles ?

Aujourd'hui, rares sont les contrats santé qui ne proposent pas de forfait pour les médecines douces. Les assureurs ont largement étendu leur offre pour répondre à la demande croissante de leurs assurés.

Ces forfaits couvrent généralement l'ostéopathie, la chiropraxie, l'acupuncture, l'homéopathie ou encore la sophrologie.

Les montants remboursés varient selon les contrats. Mais ils se situent généralement entre 150 et 500 euros par an. Cette prise en charge représente un argument marketing déterminant pour les complémentaires santé dans un marché de plus en plus concurrentiel.

Classement des mutuelles qui remboursent le mieux les séances de médecine douce

Henner
  • Prise en charge de 3 actes par an dans la limite de 50€
  • Médecines douces remboursées : (ostéopathie, chiropractie, acupuncture, homéopathie, phytothérapie, sophrologie, mésothérapie) et auxiliaires médicaux non remboursés (pédicurie-podologie, psychomotricité, ergothérapie, diététique)
Détail de la formule
Apivia Mutuelle
  • Remboursement de 6 séances par an à hauteur de 40€
  • Liste des spécialités prises en charge : Ostéopathie - chiropractie - Acupuncture - étiopathie - Homéopathie - Naturopathie - Podologie - Pédicure - Diététicien - Nutritionniste - Hypnose thérapeutique
Détail de la formule
April
  • Montant annuel de 120€
  • Forfait Médecines naturelles : ostéopathe, homéopathe, acupuncteur, naturopathe, étiopathe, diététicien, chiropracteur, micro-kinésithérapeute, podologue, réflexologue, sophrologue, luminothérapeute, hypnothérapeute
Détail de la formule

Pourquoi les médecins n'aiment-ils pas la médecine alternative ?

Les critiques du corps médical envers les médecines douces se fondent principalement sur l'absence de preuves scientifiques rigoureuses de leur efficacité. L'Ordre national des médecins s'inquiète régulièrement des dérives possibles de ces pratiques non conventionnelles.

Les médecins reprochent notamment à ces thérapies de reposer sur des bases empiriques plutôt que sur des études cliniques randomisées. Ils craignent également que certains patients retardent ou abandonnent des traitements médicaux nécessaires (notamment en cas de cancer) au profit de ces alternatives.

Les risques de dérives sectaires : une préoccupation croissante

La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) tire la sonnette d'alarme. Dans son rapport d'activité publié en avril 2025, elle révèle que la santé arrive en tête des signalements avec 37% des cas recensés entre 2022 et 2024.

Le développement de pratiques non conventionnelles au sein même des établissements de santé constitue une évolution "particulièrement préoccupante" selon l'organisme. Les naturopathes et autres praticiens alternatifs seraient parfois perçus comme faisant "preuve d'une disponibilité et d'une empathie dont les professionnels, souvent surchargés, ne sont plus capables".

Les soins de support pour les personnes atteintes d'un cancer connaissent également "des dérives à caractère sectaire", s'inquiètent les auteurs du rapport. Ces alertes soulignent l'importance d'un encadrement rigoureux de ces pratiques.

La défense des assureurs face aux critiques

Face à ces attaques, Florence Lustman, présidente de France Assureurs, a vivement réagi lors de son audition à l'Assemblée nationale. La dirigeante a fermement récusé les amalgames entre les prestations remboursées par les complémentaires santé et les pratiques de voyance ou de massage bien-être évoquées par la députée.

Florence Lustman a tenu à préciser que les assureurs prennent en charge des pratiques encadrées comme la psychologie, la nutrition, l'activité physique adaptée ou l'ostéopathie, et non pas des activités relevant de la voyance. Cette défense véhémente illustre la sensibilité du sujet pour les assureurs, qui se sentent injustement stigmatisés.

Éric Chenut, président de la Mutualité française, a adopté une position similaire en soulignant que ces thérapies non médicales bénéficient d'une reconnaissance officielle avec des formations validées, des listes préfectorales et une inscription au RPPS. Selon lui, il appartient ensuite aux organismes complémentaires de décider librement de leur prise en charge ou non.

Un outil marketing ou un besoin réel ?

Pour les assureurs, ces garanties représentent un moyen de fidélisation essentiel. Les adhérents attendent une prise en charge de ces postes. Celle-ci est parfois un des critères de choix lors de la souscription d'une nouvelle complémentaire santé.

La concurrence s'est intensifiée autour de ces forfaits, les assureurs n'hésitant plus à développer des offres "bien-être" à la croisée du marketing et de la prévention. 

Les avis naturopathe : entre satisfaction et interrogation

Du côté des patients, les retours sur les consultations de naturopathie sont généralement positifs en termes de qualité d'écoute et d'accompagnement. Cependant, l'efficacité thérapeutique reste difficile à mesurer scientifiquement.

Cette satisfaction s'explique souvent par l'attention portée au patient et le temps consacré à la consultation qui contrastent avec la médecine conventionnelle parfois perçue comme expéditive. Néanmoins, les avis divergent sur les résultats concrets obtenus.

Vers un encadrement renforcé des médecines douces ?

Face à ces enjeux, plusieurs pistes de régulation sont envisagées. Le rapport sénatorial recommande notamment la sortie de ces prestations du contrat responsable et la mise en place d'un dialogue annuel entre les organismes complémentaires et la Miviludes.

L'objectif serait d'éviter tout risque de prise en charge de pratiques dangereuses tout en préservant l'accès aux thérapies reconnues. Cette régulation pourrait également permettre de mieux contrôler l'évolution des coûts.

David KESLER
L’avis des experts ADP Assurances
David KESLER

Ce débat révèle avant tout un besoin d'encadrement plutôt qu'une interdiction pure et simple. Les complémentaires santé doivent trouver le juste équilibre entre réponse aux attentes des assurés et maîtrise des risques. Elles doivent privilégier les pratiques reconnues et exclure celles présentant des dérives sectaires avérées.

Une attention particulière doit être portée au risque de renoncement aux soins ou de retard dans les traitements, notamment en cas de cancer.

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Melaine LECARDONNEL
Melaine LECARDONNEL Rédactrice santé

Juriste de formation, Mélaine Lecardonnel est rédactrice web spécialisée dans les domaines de l'assurance depuis 2015. Ses connaissances juridiques et son expertise lui permettent de vulgariser avec clarté des notions complexes. Soucieuse d'apporter une information fiable et accessible, elle tente de permettre aux lecteurs de faire des choix éclairés pour protéger leur santé et leur budget.

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