Le glaucome est souvent surnommé le "voleur silencieux de la vue" car il progresse généralement sans symptômes visibles jusqu'à un stade avancé.
Qu'est-ce que le glaucome et pourquoi le dépister ?
Le glaucome désigne un groupe de maladies oculaires caractérisées par une détérioration progressive du nerf optique, souvent liée à une augmentation de la pression intraoculaire. Cette dégénérescence entraîne une perte du champ visuel qui débute généralement en périphérie et progresse vers le centre de la vision.
Les différents types de glaucome et leurs mécanismes
Il existe deux formes principales de glaucome :
- le glaucome à angle ouvert (le plus fréquent, représentant 90% des cas) qui évolue lentement et silencieusement ;
- le glaucome à angle fermé qui peut se manifester de façon aiguë avec des douleurs intenses.
Il faut également distinguer le glaucome à pression normale où la dégénérescence du nerf optique survient malgré une pression intraoculaire dans les valeurs normales (inférieure à 21 mmHg). Ce type de glaucome représente environ 30% des cas et souligne l'importance d'un dépistage complet ne se limitant pas à la seule mesure de la tension oculaire.
À quel âge peut-on développer un glaucome ?
Bien que le glaucome puisse théoriquement survenir à tout âge, le risque augmente significativement après 40 ans. La prévalence passe de 0,5% entre 40 et 50 ans à plus de 10% après 80 ans.
Certains facteurs de risque peuvent néanmoins favoriser l'apparition précoce de la maladie, notamment les antécédents familiaux de glaucome, la myopie forte, l'origine afro-caribéenne ou certaines pathologies comme le diabète.
Comment débute le glaucome et quels sont ses symptômes ?
La difficulté du dépistage du glaucome réside dans son caractère initialement asymptomatique. La maladie progresse généralement pendant des années sans que le patient ne ressente de gêne particulière.
Les premiers signes et symptômes d'une tension oculaire élevée
Dans sa forme chronique la plus courante, le glaucome ne provoque aucun symptôme perceptible durant les premières années d'évolution. Les symptômes d'une tension oculaire élevée peuvent parfois inclure :
- des maux de tête ;
- une vision trouble intermittente ;
- l'apparition d'halos colorés autour des sources lumineuses.
Mais ces signes sont rares et non spécifiques.
Lorsque des symptômes visuels apparaissent, il s'agit généralement d'une diminution du champ visuel périphérique. Le patient peut commencer à butter contre des objets, avoir des difficultés à conduire en conditions de faible luminosité ou ne plus percevoir certains éléments situés sur les côtés.
Quels sont les symptômes du glaucome à pression normale ?
Le glaucome à pression normale présente les mêmes caractéristiques d'évolution silencieuse que le glaucome classique. Les symptômes, quand ils apparaissent, sont identiques : rétrécissement progressif du champ visuel débutant en périphérie.
Cette forme souligne l'importance d'un dépistage régulier même en l'absence d'hypertonie oculaire.
Comment dépister le glaucome : les examens essentiels
Le dépistage du glaucome repose sur plusieurs examens complémentaires qui permettent d'évaluer l'état du nerf optique et de détecter les premiers signes de la maladie.
La mesure de la pression intraoculaire et l'examen du fond d'œil
La tonométrie permet de mesurer la pression intraoculaire. Bien qu'une pression élevée (supérieure à 21 mmHg) constitue un facteur de risque important, une pression normale n'exclut pas la présence d'un glaucome.
L'examen doit donc être complété par un fond d'œil qui permet d'observer directement le nerf optique et de détecter d'éventuelles altérations et atteintes caractéristiques du glaucome.
La pachymétrie, qui mesure l'épaisseur de la cornée, complète utilement ces examens car une cornée fine ou épaisse peut fausser la mesure de la pression intraoculaire.
Le test du champ visuel et les examens complémentaires
Le test du champ visuel (périmétrie) constitue l'examen de référence pour détecter les atteintes fonctionnelles du glaucome. Il permet de cartographier précisément les zones de vision altérées et de suivre l'évolution de la maladie.
L'OCT (tomographie par cohérence optique) permet d'analyser finement les fibres du nerf optique et de détecter des lésions précoces, parfois avant même l'apparition d'anomalies du champ visuel.
Combien de temps faut-il avant de perdre la vue avec un glaucome ?
L'évolution du glaucome est très variable d'un patient à l'autre. Sans traitement, la maladie progresse inexorablement vers la cécité. Mais cette évolution peut s'étaler sur plusieurs années, voire plusieurs décennies.
La vitesse de progression dépend de nombreux facteurs :
- l'âge du patient ;
- le niveau de pression intraoculaire ;
- l'état initial du nerf optique ;
- la présence d'autres facteurs de risque.
Avec un diagnostic précoce, un traitement adapté et une surveillance régulière des atteintes du nerf optique, l'évolution du glaucome peut être considérablement ralentie, voire stoppée. C'est pourquoi les ophtalmologues recommandent un dépistage systématique après 40 ans, idéalement tous les 2 à 3 ans, ou plus fréquemment en cas de facteurs de risque.
Prise en charge du dépistage et du traitement du glaucome
Les examens de dépistage du glaucome sont remboursés par l'Assurance maladie à hauteur de 70% du tarif de base lorsqu'ils sont prescrits par un médecin. La consultation d'ophtalmologie, la tonométrie, le fond d'œil et le champ visuel entrent dans ce cadre de remboursement.
Cependant, les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste peuvent être importants. De plus, certains praticiens appliquent des dépassements d'honoraires. C'est pourquoi il est recommandé de souscrire une complémentaire santé avec de bonnes garanties optiques. Ces mutuelles prennent généralement en charge le ticket modérateur et une partie des dépassements d'honoraires.
Face aux enjeux de santé publique que représente le glaucome, certaines initiatives de dépistage gratuit sont régulièrement organisées lors de journées de sensibilisation. Ces campagnes permettent d'effectuer un premier bilan sans avance de frais et d'orienter les patients vers un suivi spécialisé si nécessaire.
